carantia Admin
Nombre de messages : 1179 Age : 59 Localisation : Bro Gwened Date d'inscription : 03/10/2006
| Sujet: Le Maitre du Fer Dim 8 Juin 2014 - 15:47 | |
| [ltr]Source : http://www.wort.lu/fr/luxembourg/festival-celtique-bealtaine-romain-bohr-sur-les-traces-des-maitres-du-fer-5391d506b9b3988708031cad
Festival celtique Bealtaine [size=30]Romain Bohr sur les traces des maîtres du fer[/ltr][/size] [ltr][size=11]Romain Bohr raconte qu'à l'époque celte, "le fer était très cher et il pouvait même coûter la vie" à celui qui s'approchait trop près des bas fourneaux. Le secret de sa fabrication devait être préservé à tout prix. Maurice Fick Publié le vendredi 6 juin 2014 à 10:06 Chez les Celtes "celui qui avait le fer, avait le pouvoir" pose d'emblée Romain Bohr pour redonner au métal, si banal aujourd'hui, l'importance qui lui a très longtemps été accordé. Au combat, une épée forgée à partir d'une matière première de qualité, pouvait casser le fer adverse. De 800 à 50 ans avant Jésus-Christ (l'ère celte) et jusqu'à bien plus tard encore, "le fer était très cher et il pouvait même coûter la vie" à celui qui s'approchait trop près des bas fourneaux construits "loin dans la forêt, à l'abri de tout regard", raconte Romain Bohr, l’œil mystérieux. Les "rois du pétrole" étaient, à cette époque-là, les "maîtres de bas fourneaux" qui savaient fabriquer du fer de toutes les qualités. "Un savoir-faire bien gardé qui se transmettait de père en fils et nécessitait une vie d'apprentissage", sait trop bien Romain qui y a trempé un doigt. Un savoir-faire tel qu'il laissait, a contrario, "la vie sauve aux hommes qui travaillaient le fer" lors de l'attaque sanglante d'un village. C'est une rencontre fortuite qui a fait tomber cet arrière petit-fils d'un métallo de l'Arbed et serrurier de profession, dans la marmite de la sidérurgie antique. "Un jour, c'était en 2007 près de Mersch, le préposé forestier m'a montré une main pleine de minerai qu'il avait trouvé et m'a parlé des petits fourneaux dans lesquels on pouvait en faire du métal". C'est l'étincelle! Romain Bohr, 51 ans, est en quête du savoir-faire des maîtres des bas fourneaux pour maîtriser la fabrication du fer à partir de la minette des champs.Comme nos ancêtres les Celtes. Maurice Fick Depuis Romain Bohr a écumé le Luxembourg à la recherche du minerai des champs riche de "75% à 80% d'oxyde de fer" (c'est-à-dire d'une qualité proche des minerais brésiliens ou scandinaves, les meilleurs au monde) et fait bien des "voyages" expérimentaux de bas fourneaux. Entouré d'une équipe d'une vingtaine de personnes, il actionnera en ce week-end du festival Bealtaine six bas fourneaux dans la petite sidérurgie plantée au cœur du bois, à l'ombre de la splendide maison celte. A une centaine de mètres à peine du Centre de formation et d'animation "Nicolas Rollinger" de Neihaischen où les Lëtzebuerger Guiden a Scouten et l'Administration de la Nature et des Forêts comptent attirer 6.000 visiteurs curieux d'art, d'artisanat, de musique, de spectacles et de délices celtes. "Les costumes et toute la mise en scène, ça ne m'intéresse pas du tout", avoue sans langue de bois Romain Bohr, droit dans ses bottes de cuir, un couteau entièrement créé de ses propres mains, dans la poche. Ce qui l'intéresse, c'est de "trouver le modus operandi des Celtes. Fabriquer du fer est assez simple en somme. Ce qui l'est moins est de maîtriser le processus qui permet de fabriquer du fer de différentes qualités. Car chaque qualité permet de faire ensuite les objets appropriés. Ainsi, un acier avec une teneur en carbone plus élevée sert par exemple à faire des armes, car on peut le tremper dans l'eau...pscht!", explique-t-il en imitant le bruit de l'acier rouge trempé dans l'eau. "Au Luxembourg, les minerais des champs sont très riches en oxyde de fer. Ils ont entre 75 et 80% d'oxyde de fer. 10% de plus et on est au Brésil ou en Scandinavie!" lance Romain Bohr. Maurice Fick Intarissable sur le processus du mariage alchimique entre le minerai et les gaz réduits, le jeu des températures, les façons d'insuffler l'oxygène dans le bas fourneau, tous ces paramètres qui permettent de contrôler la qualité finale de l'acier, Romain Bohr avoue sa fascination pour ce "moment où le métal naît à partir du minerai. Je peux l'expliquer. Mais je veux le voir!" Il veut assister, goutte à goutte, à la naissance du fer. Pour ce faire, il vient d'inventer un système d'objectifs qui permettent de scruter le processus au cœur même du bas fourneau. Perfectionniste (pour préparer son charbon de bois lui-même) et opiniâtre, Romain Bohr a "encore quelques expériences à réaliser". Comme de fondre la loupe (c'est la masse ferreuse réduite qui est produite avec le bas fourneau) avec laquelle il compte forger une épée en acier de Damas. Ou de construire un bas fourneau africain de 2,30 m de haut dont la cheminée remplace tout les mécanismes de soufflerie. Ou encore d'achever le livre qu'il rédige actuellement sur la sidérurgie antique. En fait, "je suis retourné dans le temps et, pas à pas, j'essaye de retrouver par la pratique, les gestes ancestraux", résume Romain Bohr qui a même une forge à la maison. Il veut comprendre, savoir faire pour ensuite "montrer notre patrimoine" et partager cette expérience passionnante avec le plus grand nombre. Maurice Fick Romain Bohr montre un lingot de fer de sa fabrication et une loupe, la masse ferreuse en forme d'éponge sortie du bas fourneau qu'il faudra encore cingler avant de faire d'autres lingots. Maurice Fick
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