[size=45]Yann Brekilien, une tombe anonyme à Kerfeunteun.. pourquoi pas une fosse commune ?[/size]
[Quimper] —
Yann Brékilien : une tombe anonyme et misérable.
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Aucune pierre tombale, aucune dalle, aucune inscription, même pas un nom... La tombe de Yann Brekilien est tout à fait anonyme dans le cimetière de Stang Vihan à Kerfeunteun dans les faubourgs de Quimper. Pour la trouver il vous faudra demander au gardien qui ne la connaît que sous le nom de
la tombe du Druide.
La tombe est à peine entretenue, juste garnie de discrets petits plants de fleurs clairsemés.
Personne ne sait qu'est enterré là un grand patriote breton, héros de la résistance et écrivain, auteur de 47 livres -- tous sur la Bretagne ou le monde celtique -- sans compter ceux écrits avec un collectif comme
La Bretagneavec Bernard Le Nail et d'autres. Yann Brekilien a marqué les lettres bretonnes de sa personnalité se faisant un nom, dès 1966, avec son ouvrage
La vie quotidienne des paysans en Bretagne au XIXe siècle . Éditions Hachette. (Prix Bretagne).
Yann Brekilien, de son vrai nom Jean Sicard, était né à Paris en 1920 d'une famille originaire de Blain. Il est décédé en 2009 à Quimper. Déjà, son décès était passé presque inaperçu. Un nationaliste breton, qui était aussi un grand résistant, ça dérangeait un peu l'image qu'on essayait de présenter depuis 50 ans. La PQR n'en a pas parlé.
Yann Brekilien fut un grand résistant ayant survécu à trois réseaux différents, à Paris et ensuite en Bretagne. De plus, Il est un des rares juges ou avocats entrés en résistance. L'ensemble de la justice française ayant été légaliste. Sous Vichy, la justice a envoyé les résistants au peloton d'exécution ou à la guillotine. Les juges faisaient le travail des Allemands. Les faits sont là et la tâche sur les hermines blanches de la magistrature y est indélébile. Rien ne pourra l'effacer.
En 1941, Yann fonde un journal clandestin avec les frères Dupouy et les fils du bâtonnier Arrighi à Paris, qui tous deux seront déportés. En 1942, il entre dans le réseau [url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Ceux de la R%C3%A9sistance]
Ceux de la Résistance[/url] (CDLR).
Jeune marié, il part en Bretagne en 1943, pour échapper au
STO. Il se cache aux environs de Guemene-Penfao et d'Elliant sous le nom de Jean-Marie Le Gouez. Il rejoint ensuite le maquis du Rohantic suite à des arrestations à Paris qui le mettent en cause.
Le 15 juin 1944, les Allemands découvrent l'emplacement du maquis après avoir torturé à mort deux membres du groupe qu'ils avaient surpris. Insuffisamment armés, les maquisards auraient été anéantis si quelqu'un ne les avait pas prévenus quelques minutes avant l'assaut. La moitié périrent et les fermes alentour furent brûlées en représailles. Il est un des rares survivants du massacre. La moitié de ses camarades seront tués ou exécutés. A noter que Ouest-France a fait un article récent sur ce maquis sans même mentionner le nom de Yann Brekilien.
Voir le site .
Durant l'été 1944, Yann Brekilien commandera une section de FFI et participera avec les Américains à la libération de la péninsule. Jean Sicard a mis sa vie en jeu, il méritait mieux qu'une tombe anonyme, rien que pour ça, mais il a fait beaucoup plus pour la Bretagne.
Après la guerre, il poursuit une carrière de magistrat occupant divers postes. Il fut avocat à Saint-Nazaire et à Lorient, puis juge de paix à Concarneau, Rosporden, Bannalec, Quimper pour finir vice-président du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Vannes de 1975 à 1980.
Cette justice qu'il a si bien servie et qu'il n'a pas déshonorée pendant la guerre finira par se retourner contre lui suite à un divorce qui a mal tourné. Elle le condamna à payer une très forte pension à son ex-femme. Il devra céder ses biens. Il a fini ruiné et dans la misère ainsi que sa seconde femme, toujours vivante, mais sans revenus ou presque. Il eut neuf enfants.
Yann Brekilien a été un ardent défenseur de la culture bretonne. Il fut président fondateur du cercle celtique
Ar Vro Wenn de La Baule. Pendant 10 ans, il a dirigé la revue
Breiz, organe de la confédération
Kendalc'h. En 1978, il a créé l'[url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Association des %C3%A9crivains bretons]
Association des écrivains bretons[/url]
Voir le site . Il était aussi membre du comité de rédaction d'
«Armor Magazine» . Président, puis administrateur de Coop Breizh. Passionné d'histoire, il a publié une
«Histoire européenne de l'Europe», (1965) et une
«Histoire de la Bretagne», (1977) plusieurs fois rééditée.
Yann Brekilien a aussi écrit plusieurs ouvrages sur les druides dont
«La Mythologie celtique». Il était membre du
«Gorsedd des druides, bardes et ovates de Bretagne». Les Druides s'étaient présentés à l'église de Kerfeunteun lors de ses obsèques il y a 4 ans mais ils durent rester à la porte ainsi que le gwenn ha du, rapporta un témoin.
■ Source : http://www.agencebretagnepresse.com/id=36196&title=Yann-Brekilien,-une-tombe-anonyme-%C3%A0-Kerfeunteun..-pourquoi-pas-une-fosse-commune-?[/size]