Catusagios Admin
Nombre de messages : 1045 Date d'inscription : 13/05/2008
| Sujet: Langue bretonne. De qui se moque Larousse ? Ven 6 Fév 2015 - 8:47 | |
| Langue bretonne. De qui se moque Larousse ? À la faveur de la sortie d’un nouveau guide de conversation en breton édité par Larousse, la polémique fait rage sur les réseaux sociaux, et notamment sur le groupe Facebook “facebook e brezhoneg”, tant ce livre regorge de fautes grossières et scandaleuses en breton, dénotant un manque de sérieux et un mépris certain vis-à-vis de la langue bretonne de la part de la maison d’édition parisienne.
Ecrit par Jean-René Bonissent et corrigé par Marie Gabiache, personnes parfaitement inconnues dans le monde de l’enseignement et de la traduction du breton, ce guide destiné aux débutants, aux faux débutants et aux élèves en collège et lycée d’après sa présentation sur le site de Larousse est plein de fautes grossières. Ainsi, ne serait-ce qu’aux pages 10 et 11 de ce livre, trouve-t-on la phrase “Peseurt teodoù komz out ?” censée traduire “Quelles langues parles-tu ? » mais qui signifie “Quelles langues (organes, alors que le breton distingue la langue parlée “yezh” de la langue anantomique “teod”, ndlr) parler es-tu ?”, ou encore la phrase “Da belec’h o chom dit ?” censée traduire “Où habites-tu ? » mais qui se traduit “Vers où en train de demeurer à toi?” en français, sans parler de nombreuses fautes d’accord, de mutations. Du travail ni fait, ni à faire.
La réaction ne s’est pas faite attendre sur le groupe “Facebook e brezhoneg” où de nombreuses personnes ont réagi violemment devant un tel manque de sérieux et de rigueur. Notamment, Mikaël Bodloré-Pennalez, auteur de nombreux atlas en breton, ou encore Hervé Sébille-Kernaudour qui a reçu le prix du brittophone de l’année en 2015 et qui qualifie ce guide de “scandale absolu”. De nombreuses personnes de ce groupe ont joint la maison d’édition Larousse par mails ou par téléphone ; cette dernière s’est fendu d’une simple note où elle parle de “gros souci”. Elle prévoit de réagir sur la radio France Bleu-Breizh-Izel où ses détracteurs ont déjà donné leur point de vue.
Cette affaire est assez symptomatique de ce qui se passe dans le monde du breton où l’amateurisme est de mise. En effet, il est scandaleux, tant sur le plan éthique qu’économique, de faire appel à des personnes incompétentes pour ce qui tient de la langue bretonne, alors que celle-ci se développe et a de nombreuses personnes qualifiées à son service pour assurer des traductions et du matériel pédagogique de qualité, notamment au sein de l’Office Public de la Langue Bretonne ou encore à Ti Embann ar Skolioù .
Larousse affiche donc un mépris certain envers la langue celtique, alors même que la maison d’édition aurait sûrement fait appel à des professionnels s’il s’était agi de la langue anglaise, allemande, russe, arabe…Car il ne suffit pas de traduire mot-pour-mot à partir d’un dictionnaire pour parler breton. Être traducteur ne s’improvise pas. De même, un tel travail baclé coupe l’herbe sous le pied à de nombreux traducteurs qui ont du mal à trouver des débouchés pour leur activité professionnelle et qui serait heureux de travailler à la défense du breton en fournissant de bonnes traductions, correctes et sérieuses.
Si la maison d’édition Larousse est donc à blâmer sur le cas qui nous occupe ici, elle n’est pas toute seule à s’adonner à de telles pratiques ; même en Bretagne, la langue bretonne est un enfant pauvre. En effet, combien de personnes ne se sentent-elles pas autorisées à exiger des traductions en breton sans rémunération comme si le breton était une sous-langue ? Accordant de remplir la tâche de traduction, sans s’enquérir du niveau de celui ou de celle qui se propose de la faire ?
Un tel état d’esprit va jusqu’à de nombreuses enseignes ayant pignon sur rue, telles le Centre Leclerc de Carhaix où un bilinguisme de pacotille est mis à la vue de tous avec de mauvaises traductions telles que “gwiadennus” censé “traduire le nom “textiles” (alors qu’il s’agit d’un adjectif), ou bien encore ce bar-restaurant nommé Mat Kalon à Rennes censé traduire “bon appétit” alors que ça se dirait plutôt “kalon vat” en breton… Et les exemples de la sorte sont légion.
Il importe donc de continuer à dénoncer de tels scandales où le breton n’est vu que comme un argument marketing qu’on ne prend pas au sérieux et de mettre en avant les solutions professionnelles offertes au public et aux acteurs du secteur privé pour une utilisation correcte et respectueuse de la langue nationale de Bretagne.
Yannick Legall Source : http://www.breizh-info.com/22628/actualite-culturelle/langue-bretonne-de-qui-se-moque-larousse/ | |
|