Le sanctuaire le plus original des Helvètes se trouve à Avenches
Philippe Bridel révèle l’importance du sanctuaire de la Grange des Dîmes dans un Cahier d’archéologie romande qui vient de paraître.L’ouvrage à la couverture d’un brun brillant trône sur une table dressée au milieu des ruines du sanctuaire de la Grange des Dîmes, à Avenches. «Le volume serait qualifié de pavé, mais j’utiliserais plutôt le terme de «brique», car c’est avec ces dernières que l’on reconstruit l’Histoire. Et le but de ce Cahier est de donner une image de ce que fut ce sanctuaire», expose Philippe Bridel en guise d’introduction à la présentation de son livre.
Le sanctuaire de la Grange des Dîmes à Avenches constitue le 20e volume de la série Aventicum, le 156e Cahier d’archéologie romande et représente quinze années de travail. Il s’agit d’une étude des vestiges du temple carré et du temple polygonal qui étaient situés sur le flanc sud-est de la colline du bourg médiéval. A travers une reconstitution archéologico-historique, Philippe Bridel souhaite démontrer l’originalité de cet enclos sacré, qui permet d’ajouter un élément à la compréhension du développement urbain de la capitale des Helvètes.
Origines méconnuesLes origines encore mal connues de ce lieu remonteraient au moins à la fin du Ier siècle av. J.-C. «Avec ces deux temples gallo-romains, nous sommes peut-être face à une nouvelle synthèse locale entre la forme architecturale des Helvètes et celle des Romains», explique l’auteur. Ces deux lieux de culte symboliseraient donc la volonté des Helvètes, élites traditionnelles de la ville, de renouveler leurs cultes pour les adapter à celui de Rome, qui a su garder l’autonomie des religions présentes dans ses colonies. «Il y a ici une leçon d’histoire dont nous devrions nous souvenir pour ce qui nous attend dans notre siècle», affirme Philippe Bridel, qui a foulé ces ruines pour la première fois en 1972.
Le sanctuaire de la Grange des Dîmes représenterait donc le dernier stade de la «romanisation» d’Avenches. «Nous sommes à un moment de l’Histoire où l’Empire romain est en pleine expansion. Leur territoire est énorme et, pour perdurer, les Romains sont obligés de reconnaître les pouvoirs locaux et de les adapter aux leurs», détaille celui qui se qualifie de «diplômé en lettres, qui se prétend archéologue et qui n’a rien d’un architecte».
Signe du statut d’AvenchesLes représentations en 3D qui illustrent l’ouvrage permettent de se rendre compte de la taille importante de l’édifice au plan polygonal. «Il faisait 20 mètres de haut. Ces temples ont été mis en scène dans le paysage. Depuis là-haut, on pouvait voir toute la ville en contrebas. Ils constituaient un signe du statut d’Avenches et marquaient son adhésion aux valeurs romaines», ajoute Philippe Bridel.
Une étude des traces de peintures se trouve aussi dans l’ouvrage. Deux autres sur la faune, soit les ossements retrouvés sur place, ainsi que sur la numismatique sont à paraître. Ces études pourraient permettre de déterminer quels cultes étaient pratiqués dans ce sanctuaire.
L’ouvrage peut être commandé sur le site
www.aventicum.org (24 heures)
E SANCTUAIRE DE LA GRANGE DES DIMES A AVENCHES
Les temples et le péribole - Etude des architectures
Aventicum XX
Cahiers d'Archéologie Romande 156
Lausanne, 2015
Philippe Bridel,
avec des contributions de Slobodan Bigovic et Yves Dubois
1 vol. de texte et un portefeuille de dépliants
ISBN 978-2-88028-156-7
ISSN 1021-1713
Prix : CHF 98.-- (80.-- pour les membres de l'Association)
(+ frais de port et d’emballage)
Source :
http://www.24heures.ch/vaud-regions/nord-vaudois-broye/sanctuaire-original-helvetes-trouve-avenches/story/31355819