Bien sûr, je me doute que c'est plus un jeu intellectuel qu'autre chose; j'ai appris l'irlandais et la pensée est si différente que c'est ce qui en fait un sujet passionnant.
Ce gaulois moderne donne une idée au néophyte du fonctionnement des langues celtiques, du fait qu'on n'a pas faim mais que la faim est sur nous, qu'on aime pas mais que quelque chose nous est agréable ou qu'on est en amour avec quelqu'un, bref, une pensée (du moins en Gaëlique), pleine d'ellipses et de non-dits, ou rien ne se dit directement mais utilise des chemins détournés. Le Galathach hAtheviu respecte cette idée.
Bien sûr qu'on ne pourra pas comprendre toutes les langues celtiques : l'Esperanto a une base latine mais ne permet pas de tout comprendre. Par contre, un locuteur de langue romane peut saisir au moins 80 pour cent d'un texte, et un Chinois qui a appris l'Esperanto peut affronter le français ou l'espagnol plus sereinement. Le Galathach peut être un « début d'amorce de démarche » vers une langue celtique existante.
Ce que je veux dire aussi, c'est que cette proposition d'une langue panceltique peut être vue comme un clin d'œil à une culture recrée (le néo-druidisme ne fait pas autrement), mais dépassionné, sans pression politique: le choix d'une langue est toujours politique, mais choisir une langue que personne n'a jamais (vraiment) parlé, inventée et non ancrée dans une zone géographique permet de dépolitiser le débat et d'affronter l'idée celtique de manière plus sereine. Il n'est pas nécessaire de parler irlandais pour se sentir irlandais; il n'est pas nécessaire non plus de parler gaulois pour se sentir Celte. Le tout est de ne pas mélanger Celte, Breton, Gaélique, de bien faire la part des choses entre ancien et moderne, réel et réinventé. sinon le message est flou auprès d'un public non spécialistes et dessert notre cause.
Combien de gens se détournent de l'idée celtique simplement parce qu'ils ont entendu que celtes=bretons ; les médias ont cette tendance à simplifier à outrance et prendre les élucubrations de Nolwenn Leroy pour de la musique bretonne, voire celtique, ils ne font pas la différence. C'est comme la prise d'otage d'une culture qui appartient à tous. Or si la Bretagne n'intéresse pas ces gens, ils n'iront pas voir plus loin et passeront à côté de tout un monde. C'est fort dommage.
Donc faire une différence claire entre Gaulois et Bretons, ce qui n'est pas toujours clair, y compris malheureusement parmi nous, c'est ouvrir la culture celtique aux autres, à ceux d'ailleurs qui ont un intérêt pour ce peuple antique. Ni ethnie, ni territoire, ni langue.
Pas facile.
Bratheríu ach Iachas, a Garané