Conserver les missions du Centre national d'archéologie urbaine (Cnau) à ToursPourquoi c'est importantTexte des archéologues en faveur du maintien, du développement et de la valorisation des missions du Cnau à Tours
Alors que le Ministère de la Culture et de la Communication renonce définitivement au Centre national d’archéologie urbaine après l’avoir laissé périclité depuis plusieurs années, il est plus que temps pour les archéologues de manifester leur soutien à cette structure de service, de recherche et de documentation. Il est temps aussi de rappeler aux élus et aux aménageurs son rôle fondamental dans la gestion des vestiges archéologiques lors des grands travaux d’aménagement.
Suite à d’aberrantes destructions patrimoniales que la plupart des grandes villes ont connues dans les années 1960-1970, les spécificités de l’archéologie urbaine ont été définies dès 1981 à l’occasion d’un colloque qui s’est tenu à Tours. La ville y a été pensée comme une entité topographique et historique, l’archéologie comme source et témoin de son identité.
Les problématiques liées à la corrélation très forte entre les aménagements urbains et l’archéologie ont favorisé la fondation du Centre national d’archéologie urbaine (Cnau) en 1984. Les missions de cette structure novatrice ont été d’emblée ambitieuses et visionnaires, à l’attention aussi bien des scientifiques que des aménageurs ou des élus : travaux de recherche et de formation, création d’un centre de ressources unique en France et en Europe, observatoires des pratiques, élaboration de documents scientifiques et techniques ainsi que de bases de données spécialisées.
Nombreux sont les archéologues qui ont pu bénéficier des outils élaborés par le Cnau (Bulletins, Annuaires, Publications d'Études et tables rondes, recherches bibliographiques...). Certaines villes (24) ont fait l’objet d’une évaluation de leur patrimoine urbain selon une méthodologie rigoureuse (Documents d'évaluation du patrimoine archéologique des villes de France : Aix-en-Provence, Auxerre, Bourges, Strasbourg...).
Mais ne nous méprenons pas, le travail est à ce jour loin d’être abouti et la connexion entre le patrimoine et l’aménagement reste encore le plus souvent à établir. Le délaissement du Cnau par le Ministère de la Culture et de la Communication a réduit peu à peu ses possibilités d’évolution et sa visibilité depuis 10 ans, alors que, et c’est le plus important, ses missions restent plus que jamais d’actualité. La spécificité de l’archéologie urbaine est aujourd’hui remise en cause au sein même du Ministère qui l’a portée. La reconquête récente des centres urbains anciens et leur réinvestissement par les aménageurs sont une réalité flagrante : l’Institut national d’archéologie préventive (Inrap) connaît une modification de son activité en ce sens avec une multiplication des interventions en milieux urbain, l’Association nationale pour l’archéologie des collectivités territoriales (Anact) vient d’organiser un colloque intitulé « L’archéologie pour la ville », les services municipaux d’archéologie s’étant multipliés depuis quelques années. Enfin, le 137e colloque du Comité des travaux historique et scientifique (CTHS) a traité en 2012 des Composition(s) urbaine(s) ainsi que les Rencontres nationales d'archéologie préventive en novembre 2012, démontrant l’intérêt des scientifiques et des aménageurs pour cette thématique.
L’archéologie urbaine connaît ainsi un renouveau sans précédent et, tandis que les intervenants en archéologie se sont démultipliés, il paraît plus que jamais indispensable, au sein d’une structure unique, de renouveler, développer, réactualiser et valoriser les problématiques déjà portées par le Cnau. Des savoir-faire uniques et des compétences spécifiques sont menacés au moment où ils sont les plus nécessaires aux archéologues et aux acteurs urbains.
Nous, archéologues, demandons à ce que le Cnau soit non seulement maintenu à Tours, mais largement développé. Nous demandons aux chercheurs et scientifiques issus de toute structure, aux élus, aménageurs et habitants des villes de nous soutenir dans notre démarche, à travers la pétition qui suit.
Pour signer la pétition :
https://secure.avaaz.org/fr/petition/Madame_la_Ministre_de_la_Culture_et_de_la_Communication_Conserver_les_missions_du_Centre_national_darcheologie_urbaine_C/?tFAGsgb