Leur exposition est visible depuis quelques jours à la médiathèque et « c’est un grand honneur » reconnaît Michèle Decourtray, responsable de la structure sainsoise. Elle comprend 5 panneaux et surtout 2 vitrines qui expliquent la démarche des archéologues de l’Inrap (voir ci-dessous), le type de vestiges présents sur les sites et leur fonction dans la cité de l’époque. Sur place, le public pourra découvrir les résultats des fouilles les plus récentes qui confirment l’existence d’une petite agglomération secondaire à Sains-du-Nord.
Les sépultures de deux individus
Le passé antique de Sains est révélé dès le XIXe siècle par de nombreuses découvertes fortuites, il faudra cependant attendre plus d’un siècle pour que son passé resurgisse grâce à divers aménagements. Au début des années 1970, la construction du lotissement Talleyrand avait révélé des fondations antiques ; en 1983, celle du lotissement des Hauts-de-Sains révélera cinq bâtiments à hypocauste (chauffage par le sol), une voie et un puits.
De nouveaux bâtiments ont été mis au jour en 1984 près de la mairie et, en 1997, c’est un quartier à vocation artisanale dont la production principale était la céramique que l’on découvrait au lieu-dit « Le Mur ». Toutes ces trouvailles ont permis de définir la chronologie générale de l’agglomération de Sains, implantée au premier siècle de notre ère pour finalement être abandonnée à la fin du troisième siècle. L’exposition se déroule jusqu’au 12 avril et plusieurs modules d’animations seront proposés durant cette période. À noter que l’accueil de groupes en dehors des heures d’ouverture de la médiathèque est tout à fait possible. Deux moments forts ont été programmés avec le vernissage le vendredi 14 mars à 18 h 30, en présence des responsables de l’Inrap, et un dimanche exceptionnel le 6 avril de 12 h à 17 h, enrichi notamment d’un repas gallo-romain. Mais une autre raison de venir (et pourquoi pas de s’inscrire à la médiathèque) est l’exposition proposée par une classe de l’école Léon-Dorléant intitulée « Voir ce qui se dissimule », une suite logique de l’expo des archéologues…
Contact au 03 27 61 74 62 ou par mail
mediathequesainsdunord@wanadoo.fr.
Quoi de neuf ?D’intéressantes mises au jour ont été réalisées lors de récents projets d’aménagement :
En 2010, à l’emplacement d’un futur lotissement au centre du village, un sanctuaire de la cité nervienne et la découverte de tombes fondatrices ont apporté des renseignements sur l’origine du complexe et sur les pratiques cultuelles qui s’y déroulaient.
Un important dépôt de céramiques intactes, datées de la première partie du deuxième siècle, a été mis au jour près des tombes. Une vingtaine de fibules ont été retrouvées dans une couche de remblai ainsi que des pièces de monnaie et trois statuettes.
13, rue du Docteur-Chevalier, dans le cadre de la création d’une école maternelle, le diagnostic établi en novembre 2012 a déterminé « une rue antique bordée à l’est par un trottoir ; à l’ouest par un probable portique à colonnade auquel on accédait par un escalier. »
Rue des Fosses à Marnes, afin d’implanter un espace test agricole d’un hectare environ, ce sont des activités artisanales (boucherie, métallurgie) qui ont été révélées.
Le rôle de la recherche archéologique préventive
À plusieurs reprises Pascal Néaud et les archéologues de l’Institut national des recherches archéologiques préventives sont intervenus à Sains-du-Nord. L’Inrap assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique touché par les travaux d’aménagement du territoire. Ainsi les découvertes se sont largement accrues dans les années 1970 grâce aux fouilles dites « de sauvetage » qui sont devenues systématiques.
La mission de l’Inrap s’effectue à différents niveaux.Le diagnostic.- Financé par la redevance d’archéologie préventive, il est acquitté par les aménageurs au prorata des surfaces. Réalisées à la pelle mécanique, des tranches sont régulièrement espacées et permettent de sonder 5 à 10 % du terrain.
En préalable aux travaux et afin d’éviter la destruction aveugle des traces du passé, le diagnostic permet de détecter la présence de vestiges et de décider du lieu de fouille éventuelle. Les archéologues suivent la pelle mécanique et s’assurent de la présence ou non de vestiges. Le diagnostic permet alors de caractériser le site : s’agit-il d’un habitat, d’un atelier, d’une nécropole ?
La fouille.- Si le diagnostic le justifie, la fouille peut être entreprise et son coût sera supporté par l’aménageur ; dans le cas du futur lotissement situé dans le centre de Sains-du-Nord, c’est l’Avesnoise qui a supporté cette opération. La fouille permet la sauvegarde des murs, fosses, mosaïques, céramiques, bois ou sépultures.
Une fois fouillé le site est restitué à l’aménageur et le résultat de ces fouilles retranscrit dans un rapport d’opération qui servira à entretenir la mémoire du site.