Par Toutatis, l’hydromel débarque en Suisse BOISSON | Encore peu connue du grand public, la boisson préférée des Gaulois fait son trou dans nos régions. Plusieurs producteurs s’y sont mis. CHANTAL DERVEY | à Corbeyrier, produit de l’hydromel «par passion». Il le fait fermenter dans cette cuve en inox mais ne le filtre pas: «Je préfère que les gens se rappellent qu’il s’agit d’un vin de miel.»
DAVID GENILLARD | 31.10.2009 | 00:01
A Corbeyrier, on ne renie pas ses racines gauloises. La petite commune alpestre avait déjà son festival celtique; elle possède aujourd’hui son producteur d’hydromel. Sans doute poussé par ses gènes bretons, Frédéric Roure s’est lancé en 2006, «par passion». L’apiculteur de 35 ans tâtonne, cherche à percer les secrets de fabrication de la boisson. «J’ai demandé des tuyaux à quelques amis en Bretagne et fait des recherches sur internet.»
Difficile, en effet de trouver conseil en Suisse. «Cette boisson reste très peu répandue ici», signale le Robaleu. François Brunet, apiculteur à La Sarraz, ne peut que confirmer: «Lorsque j’ai voulu essayer d’en fabriquer, j’ai dû expliquer exactement ce que j’attendais au fournisseur de levures. Il ne connaissait pas du tout.»
Recettes différentesEt l’immense diversité des recettes n’est pas pour aider. Doux ou sec, filtré ou non, il y en a pour tous les goûts. Les ingrédients de base sont toujours les mêmes: de l’eau, du miel et des levures pour lancer la fermentation. Mais la suite appartient à chaque artisan. «La fermentation fait ressortir l’amertume ou l’âcreté. J’utilise donc un miel de colza, au goût très léger», révèle François Brunet. Après deux à quatre semaines, le liquide en fermentation est retiré de la cuve et mis à vieillir en fut de chêne.
Frédéric Roure, lui, insiste: «Je ne filtre pas mon hydromel. La boisson est plus trouble mais je la trouve plus vivante comme ça. Je veux que les gens se rappellent en voyant la bouteille qu’il s’agit d’un vin de miel et non d’un blanc «normal.»
Sec ou douxA l’arrivée, deux produits on ne peut plus différents. Limpide et doré, celui de La Sarraz dévoile des arômes doux, là où l’hydromel de Frédéric Roure s’avère plus sec, plus proche d’un blanc traditionnel. «Corbeyrier est un village de vignerons. Je voulais les attirer en leur proposant un produit pas trop éloigné de ce dont ils ont l’habitude.»
Mais dans les deux cas, le mot d’ordre reste authenticité. «Je ne travaille qu’avec de l’eau et du miel de Corbeyrier, insiste le Chablaisien. Certains ajoutent des épices ou une base de fruits, mais pas moi. C’est le goût du miel qui doit primer.»
La production, comme les quantités, reste artisanale. Un peu plus de 500 litres sont ainsi sortis des caves de La Sarraz, tandis que Frédéric Roure a pu produire 500 bouteilles en 2007. «Le grand public ne connaît pas forcément mais il commence à y avoir un intérêt, note François Brunet. Sur les marchés, on m’interroge de plus en plus souvent.»
Malgré ce relatif anonymat, Frédéric Roure n’a eu aucune peine à écouler son stock. Grâce notamment à son principal client, le Festival du Loup. «Ce genre de manifestations aide à faire connaître l’hydromel. Il n’est pas encore possible d’en vivre mais je pense qu’il y a là un créneau.»